Visas pour Euro-2016: lettre des militants ukrainiens
A l’attention de Mme Isabelle DUMONT, Ambassadrice de France en Ukraine,
Mme Marie-Hélène TEYLOUNI, Consule.
Lettre ouverte de militants pour les droits civiques et participants à la manifestation du 16 juin 2016
En 2012, des milliers de fans de foot français ont visité l’Ukraine. La France soutenait alors son équipe nationale, qui a joué tous ses matches dans les stades ukrainiens. Tous les Français ayant leurs billets ont pu entrer sans entraves sur le territoire ukrainien et y ont reçu un accueil chaleureux.
Cette année, c’est la France qui organise l’Euro-2016 et les fans ukrainiens se dirigent vers Lille, Lyon et Marseille où la sélection ukrainienne jouera. C’est un moment de réciprocité.
Toujours hospitalière vis-à-vis de ces invités étrangers, la France fait des efforts considérables pour créer la meilleure impression chez les fans pendant cette grande fête européenne de football. Mais une bonne partie des Ukrainiens souhaitant assister à des matches de l’Euro-2016 risquent de voir leurs projets échouer en raison de problèmes avec la délivrance de visas.
Nous avons l’impression que le consulat de France à Kiev n’est pas en mesure de faire sa partie de travail pour l’Euro-2016 et de délivrer les visas à tous les voyageurs légitimes ayant déjà acquis leurs billets pour les matches du championnat.
Selon nos estimations, au 6 juin, plus d’un millier de supporters de foot ukrainiens se trouvent dans un état d’anxiété n’ayant toujours pas reçu leur visa et plus d’une centaine de demandeurs ont essuyé un refus.
Le départ de la plupart des fans étant prévu du 9 au 11 juin, la situation semble critique.
Si la durée ordinaire de l’examen du dossier de visa ne dépasse pas quatre à six jours ouvrables, nombre de supporters ayant déposé leurs dossiers il y a deux à trois semaines n’ont toujours pas reçu de réponse. Dans certains cas, l’examen du dossier dure un mois, voire plus et les demandeurs de visas n’arrivent pas à obtenir aucune information sur les raisons de ce retard massif ni auprès du consulat ni auprès du centre de demande de visas.
Le départ n’étant prévu que dans plusieurs jours, il y a de graves craintes qu’au moins plusieurs centaines de fans ukrainiens ne puissent pas recevoir leurs passeports avec visas dans les délais nécessaires.
De surcroît, la plupart de ceux qui ont déjà essuyé un refus ou bien vont le faire n’ont tout simplement plus le temps de faire un recours contre cette décision.
L’affaire de la famille Bobenchik de Lviv en est la preuve la plus évidente : des refus arrivent même lorsque l’honnêteté et les bonnes intentions des demandeurs ne font aucun doute. Nous avons également recensé d’autres cas de refus essuyés par des militants renommés du mouvement sportif.
Nous espérons que l’affaire Bobenchik sera réglée déjà au début de cette semaine à l’avantage du jeune supporter et de sa famille créant un précédent pour des centaines d’Ukrainiens possédant des billets pour des matches pour l’Euro-2016 et qui ont rencontré le même problème.
A ce jour, la possibilité de régler cette crise existe toujours, avec la volonté de l’Ambassade de France.
L’expérience de la Pologne qui a coorganisé l’Euro-2012 et accueilli la finale de la Ligue des champions en 2015 montre qu’il est possible de délivrer un grand nombre de visas Schengen aux personnes détenant des billets pour des matches.
Si des centaines de supporters ukrainiens ne parviennent pas à assister aux matches de la sélection nationale à l’Euro-2016, cela portera un coup dur à l’image de la France et de toute l’Union européenne en Ukraine. Un tel échec risque de réchauffer aussi les sentiments eurosceptiques et de sapera la confiance dans les valeurs européennes dont le partage la société ukrainienne confirme avec conséquence.
Nous appelons la partie française à prendre des mesures résolues pour régler la situation actuelle au plus vite.
Nous exhortons en particulier l’Ambassade de France à examiner d’urgence et selon la procédure simplifiée les demandes de supporters qui ont présenté des billets nominatifs ainsi qu’à donner la possibilité d’un recours rapide à ceux ayant déjà essuyé un refus.
Ce problème sera encore plus grave si l’Ukraine parvient à se faire qualifier dans son groupe. Si la procédure actuelle ne change pas, la France privera la sélection nationale du soutien de ses supporters déjà pour les huitièmes de finale, beaucoup d’Ukrainiens n’ayant tout simplement le temps pour le dépôt et l’examen de sa demande de visa.