Un retraité condamné à 6 ans de prison pour “espionage”
Un Ukrainien âgé de 73 ans, Iouri Solochenko, a été condamné aujourd’hui à 6 ans de colonie pénitentiaire à régime strict par le tribunal municipal de Moscou.
Cet ex-directeur de l’entreprise de défense “Znamia” (Poltava, Ukraine), à la retraite depuis 2010, est arrêté le 5 août 2014 à Moscou et est accusé d’espionnage en vertu de l’article 275 du Code pénal russe. Son dossier d’instruction étant classé secret, les détails de son arrestation restent inconnus à ce jour et ceux de son accusation filtrent au compte-goutte.
Ainsi d’après la presse russe, la « justice » russe l’incrimine d’une « tentative de contrebande des composants du missile sol-air C300 », les composants que Solochenko « allait transporter jusqu’à l’Ukraine en Kamaz » et qui auraient été destinés à la «restauration des systèmes de défense aérienne de l’Ukraine».
Or Iouri Solochenko se rend à Moscou en train invité par son ancien partenaire du Ministère de la Défense russe pour tester un équipement. Très probablement, Solochenko, trahi par son hôte, est arrêté lors de ce rendez-vous.
Incarcéré au centre de détention provisoire “Lefortovo”, le vieil homme est immédiatement isolé de sa famille et des représentants officiels de l’Ukraine. De plus il est contraint d’accepter un avocat commis d’office par l’Etat russe dans les heures qui suivent son arrestation. Il attendra le début de son procès pendant 14 mois. Malgré son mauvais état de santé dû aux problèmes cardiaques et malgré ses nombreuses plaintes, les médecins décident de ne pas le transférer dans un hôpital. Selon Zoya Svetova, militante des droits de l’homme, qui lui rend visite régulièrement, Iouri Solochenko subit une forte pression de la part du juge d’instruction et de son « avocat ». Ces deux, jouant respectivement le rôle du méchant et du gentil, l’incitent à reconnaître sa culpabilité. Ils le dissuadent d’écrire au consul de l’Ukraine qui de toute façon n’est pas autorisé à lui rendre visite et dont la présence est tout de même permise lors de la dernière audience du procès, à l’annonce du verdict.
Isolé de tous pendant 14 mois, dans sa cellule et lors des audiences à huis clos, privé de contacts avec les autorités ukrainiennes, privé de possibilité d’avoir un avocat indépendant, Iouri Solochenko reconnait aujourd’hui sa culpabilité devant le juge et ne compte pas faire appel selon son « avocat ». Qui peut croire encore, dans des telles circonstances, à la sincérité de ces aveux et à l’impartialité du procès?
Cette condamnation intervient quelques mois après deux autres « procès d’espionnage » marquants: celui de l’estonien Eston Kohver, kidnappé et amené de force en Russie et de … la mère de 7 enfants accusée d’espionnage suite à son appel téléphonique à l’ambassade de l’Ukraine.