Date de l’arrestation : le 9 mai 2014
Accusation :
aléa 2 de l’article 205 du Code pénal de la Fédération de Russie (terrorisme)
aléa 3 de l’article 222 du Code pénal de la Fédération de Russie (préparation d’un acte terroriste)
Condamné à 7 ans de colonie à régime strict
Historien, docteur en Histoire reconstructeur des événements historiques, ayant participé à des actions de soutien en faveur de l’unité de l’Ukraine. Oleskiy Tchyrniy est une des quatre personnes incriminées dans l’affaire des « terroristes de Crimée », cependant, il est souvent injustement oublié. Mais sa situation est différente des trois autres (celles d’Oleh Sentsov, Guénadi Afanasiev et Olexandr Koltchenko), car Tchyrniy a plaidé coupable et n’a pas rétracté ses aveux, donnés sous la torture. Une procédure judiciaire spéciale a été engagée contre Tchyrniy seul, exactement comme dans le cas d’Afanasiev.
Durant neuf mois Oleskiy Tchyrniy était dans un isolement complet. Au cours des audiences, son avocat Ilia Novikov a déclaré que Tchyrniy avait des marques de torture et que celle-ci est à l’origine de l’auto-incrimination de Tchyrniy. Cependant, Oleskiy, craignant la vengeance de la police russe, ne renonça pas de plaider coupable, un accord qu’il a conclu avec ses tortionnaires avant le procès.
Novikov a rapporté cette situation comme suit :
Quand le procès d’Oleskiy Tchyrniy a commencé, j’ai tout de suite déclaré à la cour d’être convaincu que le témoignage de Tchyrniy contre lui-même et les autres est faux et a été obtenu sous la pression des enquêteurs. Oleskiy, lui, ne voulait pas mettre fin à l’accord passé avec les enquêteurs, car avait peur des conséquences. Il croyait sans doute obtenir de 7 à 10 ans, comme cela est arrivé auparavant à Afanasiev. Nous avons convenu que j’expliquerais ma position et qu’il ne la soutiendrait pas et demanderait au tribunal de ne pas renvoyer l’affaire au bureau du procureur, mais de l’examiner le jour même… Tchyrniy n’est pas un héros, il se sent impuissant et ne croyait pas que l’Ukraine pouvait faire pour lui quoi que ce soit.
En conséquence, à la demande du procureur, l’avocat a été exclu de la défense suite à un « conflit de positions ». Il est important de noter que la législation russe prévoit un seul cas où les positions de l’accusé et de son avocat de défense puissent être discordantes : lorsque des méthodes illégales ont été employées pour mener l’enquête et l’investigation.
Dans sa dernière déclaration devant le tribunal Oleskiy Tchyrniy, bien qu’il ait reconnu sa culpabilité, s’est indigné que ses actes soient qualifiés de « terroristes ».
Les preuves de son innocence
- Tous les accusés dans l’affaire des « terroristes de Crimée » disent avoir subi la torture.
- Les témoins à charge ne peuvent pas être considérés comme indépendants.On peut les diviser en trois catégories: ceux qui avaient un casier judiciaire et sont à la merci des forces de l’ordre; ceux qui ont décidé volontairement de coopérer avec le FSB; les témoins secrets qui étaient probablement des employés du FSB.
- Il existe un doute raisonnable quant à l’existence du groupe des « terroristes de Crimée». Il n’y a pas de témoignages concordants sur sa structure et sa taille. Aucune des personnes interrogées n’a pu pas dire quoi que ce soit au sujet de la composition ou la structure du « groupe ».
- FSB aurait appris trois jours avant l’incendie que Tchyrniy avait l’« intention » de mettre le feu aux bureaux de la « Communauté russe de Crimée » et du parti « Russie unie », mais rien n’a été fait pour l’empêcher.Ce fut clairement une provocation de FSB qui visait à créer un prétexte pour ouvrir une procédure judiciaire.
- Après son arrestation et au cours de l’enquête, Oleskiy Tchyrniy a été torturé pour lui extorquer des aveux.Il a été placé dans un hôpital psychiatrique, où, très probablement, on lui a administré des substances psychotropes.
Les tortures
Lors de la rencontre tant attendue avec le consul ukrainien, Tchyrniy a déclaré avoir subi la torture. En avril 2015, son avocat Ilia Novikov a officiellement déclaré que son client a été torturé et que cette violence a donné lieu à son auto-incrimination. Or Oleskiy est devenu la « carte maîtresse » dans l’affaire des « terroristes de Crimée », par conséquent il n’existe que des informations fragmentaires sur ce qui lui est arrivé réellement pendant sa détention et comment cela a affecté son état.
Nous savons qu’en juillet 2014 Tchyrniy était au Centre de recherche en psychiatrie sociale et légale de Serbski à Moscou, où il aurait pu recevoir des substances psychotropes. Le mois suivant, il a été transféré au service psychiatrique de la prison Boutyrskaïa à Mouscou. Ce lieu, connu sous le nom « Maison de Kishchyn », a une mauvaise réputation parmi les prisonniers. Il y a des soupçons fondés qu’en ce lieu aussi, on aurait administré à Tchyrniy des médicaments psychotropes.
Voici le récit de la défenseure russe des droits de l’Homme Zoïa Svétova après sa rencontre avec Tchyrniy:
Quand je l’ai vu dans la « maison Kishchyn », il m’a paru étonnamment retardé, il comprenait à peine des questions qu’on lui posait, disait « ma tête est comme dans un brouillard » et « ma vie s’arrête là: il n’y aura pas d’avenir, plus de pays où j’habitais ».
Il y a des informations qu’Oleskiy s’est retrouvé dans la « maison Kishchyn » à cause d’une tentative de suicide.