Date de l’arrestation : le 7 août 2016
Accusation :
article 30, aléa 2 (paragraphe “a”) de l’article 281 du Code pénale de la Fédération de Russie (préparation de sabotage)
Il risque une peine de 10 à 20 ans de prison ferme
Chauffeur-électricien à la centrale nucléaire Zaporija, vétéran de guerre dans le Donbass, fondateur de l’association de soutien des vétérans de la guerre avec la Russie, Evhen Panov a été capturé par les forces de sécurité russes alors qu’il entrait sur le territoire de la Crimée occupée en août 2016. Selon certaines informations, il a été sollicité pour faire sortir une famille de la péninsule vers le continent ukrainien. Mais ce fut un piège : des agents du FSB l’attendaient dans la zone adjacente à la frontière administrative. En sortant de la voiture au poste de contrôle russe, Evhen fut surpris par un coup à la tête. « Je suis tombé et senti être allongé dans une mare de mon propre sang », se rappelait-il plus tard.
FSB a accusé Evhen et encore quelques autres citoyens ukrainiens d’être impliqués dans un « groupe de renseignement et de sabotage », qui aurait eu pour mission d’organiser des attaques terroristes en Crimée sur les instructions du Bureau principale de renseignement du Ministère de la défense de l’Ukraine.
Les preuves de l’innocence
Les “saboteurs de Crimée” n’ont en commun que l’année de leur naissance et les années passées dans des établissements d’enseignement militaires en Ukraine. Il se peut qu’ils se connaissent, mais, d’après leurs avocats, il est absurde de les unir dans un groupe « de renseignement ukrainien et de sabotage ».
Des chaînes télé de propagande russe ont montré des « aveux » de Panov, tout comme cela est arrivé avec plusieurs autres Ukrainiens qui sont passés par la meule de la torture. Les blessures sur le visage du prisonnier témoignaient du caractère de la « réception » qui lui a été réservée dans la Crimée occupée. Lorsque Evhen fut permis de rencontrer un avocat indépendant, lui, ainsi qu’un autre accusé dans la même affaire, Andreï Zakhteï, ont renoncé aux faux témoignages.
Ce n’est pas un hasard si l’arrestation des soi-disant « saboteurs ukrainiens » en août 2016 est survenue juste avant le sommet du G20, où les dirigeants de la Russie, de l’Allemagne, de la France et de l’Ukraine ont discuté des problèmes de la guerre et de la paix dans le Donbass. Les observateurs ont fait remarquer que grâce à des nouvelles provocations en Crimée Poutine tentait de modifier le rapport des forces en son avantage avant le début des négociations.
Tortures
En décembre 2016 Panov a révélé les détails de la torture inhumaine qu’il a subi pendant l’«enquête». Selon sa plainte adressée au Comité d’enquête de la Russie, il a été battu avec un tuyau de fer sur la tête, les reins, les bras et les jambes, été suspendu par les menottes. Les forces de l’ordre russes torturaient le prisonnier avec le courant électrique, serraient les parties génitales avec une corde et simulaient l’exécution avec un seul but : lui extorquer ses aveux de culpabilité.